Ceux qui lisent la Bible en anglais peuvent présumer que le Saint-Esprit est une personne divine, comme Dieu le Père et Jésus-Christ, basé sur l’utilisation du pronom « he » (il) pour référer au Saint-Esprit. En effet, en anglais les pronoms « il » ou « elle » se réfère uniquement à une personne, soit un homme ou une femme tandis que les noms qui désignent les objets, ne sont ni masculins ni féminins, et sont désignés par le pronom « it » (genre neutre).
Cette confusion grammaticale résulte de deux facteurs : la déclinaison des pronoms en grec (un concept difficile à comprendre pour ceux qui ne parlent que l’anglais) et les idées préconçues de certains traducteurs.
Tout comme les langues romanes, c’est-à-dire les langues qui descendent du latin (l’espagnol, le français, l’italien, etc.), le grec assigne un genre à chaque nom. Chaque objet, qu’il soit animé ou non, est masculin, féminin ou neutre. Souvent, le genre n’a rien à voir avec le fait que l’article est en réalité masculin ou féminin.
Par exemple, en français, le mot livre est masculin et l’on s’y réfère en utilisant les pronoms masculins « il » ou « lui ». Ainsi, pour la majorité des langues romanes modernes, le pronom neutre (en anglais « it ») n’existe plus du tout. Pour le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, pourfendeur de l’écriture inclusive, le masculin ferait maintenant valeur de neutre dans la langue française (Libération, Juliette Deborde, 28 novembre 2017).
De même, en espagnol, le mot mesa, ou « table », est féminin. Il est clair que, même si ces noms ont un genre, leur genre ne signifie pas qu’ils sont en réalité masculins ou féminins, ou que ce sont des personnes. Il convient de noter qu’en hébreu, langue de rédaction de l’Ancien Testament, le mot traduit par « esprit », ruach, est remplacé par des pronoms féminins. Or, il est clair que le Saint-Esprit n’est ni du genre féminin, ni une femme.
En grec, des mots masculins et neutres sont employés pour désigner le Saint-Esprit. Le mot grec parakletos, rendu par « consolateur », dans les chapitres 14 à 16 de Jean, est un mot masculin remplacé dans ces chapitres, par des pronoms grecs équivalant aux pronoms personnels « il », « lui », « son », et « lui-même ».
Étant donné le genre masculin de parakletos, ces pronoms sont grammaticalement corrects en grec. Mais il est incorrectde traduire ces pronoms par « he », « him », etc. en anglais, puisque ces pronoms en anglais sont réservés exclusivement aux personnes masculines ou féminines, ce qui n’est pas le cas en grec.
Ainsi, on ne traduirait jamais la phrase française « Je cherche mon livre pour que je puisse le lire » vers l’anglais en disant « I’m looking for my book so I can read him », ce pronom « him » référant à une personne et non à un objet. » Même si cette construction est grammaticalement correcte en français, elle est fautive en anglais.
De même, si l’on se base sur le fait que parakletos reçoit le genre masculin en greck, pour supposer que le Saint-Esprit est une personne que l’on doit désigner en anglais par les pronoms personnels « he » ou « him » est incorrect.
Seulement si l’on savait que le parakletos ou le consolateur était une personne pourrait-on décliner un pronom en anglais. Et le terme parakletos peut certainement se rapporter à Jésus-Christ dans 1 Jean 2:1. Mais le Saint-Esprit n’est désigné nulle part comme une personne, ce qui fait que l’on ne peut employer des pronoms personnels pour le désigner.
Le mot grec pneuma, traduit par « esprit » (mais aussi par « souffle » dans le Nouveau Testament), est un mot grammaticalement neutre. En grec, les pronoms équivalant aux mots anglais « it », « its », « itself », « which » et « that » sont employés correctement en rapport avec ce mot traduit en anglais « spirit ».
Toutefois, lorsque la version du roi Jacques (King James) ou la version autorisée fut produite (au début des années 1600), la doctrine de la Trinité avait déjà été acceptée plus de 1000 ans . Évidemment, sous l’influence de cette croyance, les traducteurs de cette version choisissaient habituellement des pronoms personnels au lieu de pronoms neutres pour désigner le Saint-Esprit en anglais (voir par exemple Jean 16:13-14 ; Romains 8:26). Cependant, ce ne fut pas toujours le cas. Il convient de noter que dans certains passages de la version King James, par exemple, dans Romains 8:16, les traducteurs employèrent de fait les bons pronoms neutres. Dans ces cas, les traducteurs eurent raison d’employer des pronoms neutres, parce que le mot pneuma, traduit par « Spirit », est de genre neutre.
On trouve d’autres exemples dans Matthieu 10:20, et 1 Pierre 1:11, pour se référer au Saint-Esprit, où les traducteurs de la version King James employèrent, les bons pronoms neutres. Malheureusement, les traducteurs ultérieurs de la Bible vers l’anglais allèrent plus loin en utilisant presque toujours des pronoms personnels masculins au lieu de pronoms neutres pour désigner le Saint-Esprit. Il ne s’agit pas ici d’une précision d’ordre linguistique, mais bien d’un préjugé doctrinal ou d’une supposition incorrecte de la part des traducteurs bibliques qui croyaient à tort que le Saint-Esprit est une personne.