La plupart des gens présument que tout ce qui porte l’étiquette « chrétienne » remonte à Jésus-Christ et aux premiers disciples. Or, ce n’est pas du tout le cas. Il suffit d’examiner les paroles de Jésus-Christ et de Ses apôtres pour constater que cela est carrément faux.
Les données historiques révèlent que, tout comme Jésus et les auteurs du Nouveau Testament l’avaient prédit, divers concepts et maîtres hérétiques surgirent de l’Église primitive et d’autres s’y infiltrèrent de l’extérieur. Le Christ Lui-même mit Ses disciples en garde contre eux : « Prenez garde que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom [...] Et ils séduiront beaucoup de gens. » (Matthieu 24:4-5)
Vous pouvez lire de nombreuses autres mises en garde semblables dans d’autres passages bibliques (comme Matthieu 24:11 ; Actes 20:29-30 ; 2 Corinthiens 11:13-15 ; 2 Timothée 4:2-4 ; 2 Pierre 2:1-2 ; 1 Jean 2:18-19 ; 1 Jean 2:26 ; 1 Jean 4:1-3).
À peine deux décennies après la mort et la résurrection du Christ, l’apôtre Paul écrivit que, déjà, un grand nombre de croyants « [se détournaient] […] pour passer à un autre évangile. » (Galates 1:6) Il écrivit qu’il était obligé de faire face à « de faux apôtres, des ouvriers trompeurs [frauduleusement] déguisés en apôtres de Christ. » (2 Corinthiens 11:13) Un des principaux problèmes qu’il dût surmonter fut celui des « faux frères. » (2 Corinthiens 11:26)
Déjà, vers la fin du premier siècle, comme nous pouvons le constater dans 3 Jean 9-10, la situation était si envenimée que les faux ministres refusaient carrément de recevoir les représentants de l’apôtre Jean et excommuniaient les vrais chrétiens de l’Église ! (3 Jean 1:9-10)
Au sujet de cette période troublante, le célèbre historien Edward Gibbon parle, dans son ouvrage classique intitulé « L’Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain » d’un « nuage noir qui sévit au-dessus de la première ère de l’Église. » (The History of the Decline and Fall of the Roman Empire, 1821, Vol. 2, p. 111)
Il fallut peu de temps pour que les véritables serviteurs de Dieu forment une minorité dispersée et marginalisée parmi ceux qui se disaient chrétiens. Une religion très différente, un christianisme désormais corrompu par de nombreux concepts et pratiques issus d’anciennes croyances païennes (une telle combinaison de croyances religieuses, appelée syncrétisme, était courante à l’époque, au sein de l’Empire romain), vit le jour et transforma la religion fondée par Jésus-Christ.
L’historien Jesse Hurlbut décrit ainsi cette période de transformation : « On appelle la dernière génération du Ie siècle, de 68 à 100 apr. J.C., « l’Âge des ombres », en partie parce qu’un vent de persécution soufflait sur l’Église, mais surtout parce que, de toutes les périodes de l’histoire [de l’Église], c’est celle-ci que nous connaissons le moins. Le livre des Actes des apôtres ne nous éclaire plus sur cette période, et aucun auteur de cette époque ne comble cette lacune de l’Histoire […]
« Pendant cinquante ans après la mort de St Paul, un rideau impénétrable flotte au-dessus de l’Église, et lorsqu’il finit par se lever, vers 120 apr. J.C., avec les écrits des tout premiers Pères de l’Église, nous retrouvons une Église très différente de celle de l’époque de St Pierre et de St Paul, sous plusieurs aspects. » (The Story of the Christian Church, [L’histoire de l’Église] 1970, p. 33)
Cette Église « très différente » allait grandir en pouvoir et en influence et au bout de quelques siècles à peine, elle allait dominer le puissant Empire romain !
Dès le début du IIe siècle, les membres fidèles de l’Église, le « petit troupeau » du Christ (Luc 12:32), avaient largement été dispersés par les vagues de persécution cruelle. Ils persévérèrent dans la foi des vérités bibliques au sujet de Jésus-Christ et de Dieu le Père, même s’ils furent persécutés par les autorités romaines et par ceux qui se disaient chrétiens, mais qui prêchaient en réalité un « autre Jésus » et un « autre évangile ». (2 Corinthiens 11:4 ; Galates 1:6-9)
C’est dans ce contexte que la doctrine de la Trinité émergea. Au cours des premières décennies qui suivirent le ministère, la mort et la résurrection de Jésus-Christ, et au cours des siècles suivants, divers concepts virent le jour quant à Sa véritable nature. Était-Il un homme ? Était-Il Dieu ? Était-Il Dieu incarné ? Était-Il une illusion ? Était-Il un simple homme qui devînt Dieu ? Avait-Il été créé par Dieu le Père, ou existait-Il éternellement avec le Père ?
Tous ces concepts avaient des partisans. L’unité des croyants de l’Église primitive s’effaça du fait que de nouvelles croyances, dont plusieurs furent empruntées à des religions païennes ou adaptées de celles-ci, vinrent remplacer les enseignements de Jésus et des apôtres.
Il convient de noter que les débats intellectuels et théologiques des premiers siècles qui donnèrent lieu à la formulation de la doctrine de la Trinité se déroulèrent, pour la plupart, en l’absence des représentants de la véritable Église, car ceux-ci avaient été réduits au silence. Pour avoir un aperçu de cette période critique veuillez consulter le chapitre intitulé « La montée d’un christianisme de contrefaçon » dans notre brochure intitulée « L’Église que Jésus a fondée ». Pour télécharger ou commander un exemplaire gratuit, visitez notre site www.pourlavenir.org/brochures.
C’est pourquoi, au cours de cette période tumultueuse, nous constatons souvent qu’il y eut des débats non pas entre la vérité et l’erreur, mais entre une erreur et une autre erreur — fait rarement reconnu par de nombreux érudits contemporains, mais essentiel à notre compréhension.
Un exemple classique d’un tel débat fut celui concernant la nature du Christ qui poussa l’empereur romain Constantin le Grand à convoquer le concile de Nicée (dans l’ouest de la Turquie moderne) en 325 apr. J.C.
Même si bon nombre de gens le considèrent comme le premier empereur romain « chrétien », Constantin était en réalité un adorateur du soleil et ne fut baptisé que sur son lit de mort. Au cours de son règne, il fit assassiner son fils aîné et son épouse. Il était aussi un antisémite acharné et parlait dans l’un de ses décrets de la « foule juive détestable » et des « coutumes de ces hommes ignobles » — des coutumes qui tiraient en fait leur origine de la Bible et qui étaient pratiquées par Jésus et par les apôtres.
En tant qu’empereur durant une période de grand tumulte au sein de l’Empire romain, Constantin dut relever le défi de préserver l’unité de l’empire, et il reconnut la valeur de la religion à cet égard. En réalité, ce fut l’une des principales raisons pour lesquelles il accepta et sanctionna la religion « chrétienne » (qui, à ce stade, n’était chrétienne que de nom, s’étant beaucoup écartée des enseignements de Jésus et des apôtres).
Mais Constantin dut alors relever un nouveau défi. La chercheuse en matière de religion Karen Armstrong explique, dans le livre intitulé A History of God [Une histoire de Dieu], que « l’un des premiers problèmes à résoudre fut celui de la doctrine divine […] un nouveau danger surgit parmi les chrétiens et les divisa en des camps diamétralement opposés. » (1993, p. 106)
Constantin convoqua le concile de Nicée en 325 apr. J.C., et ce, tant pour des raisons politiques — pour l’unité de l’empire — que pour des raisons religieuses. Le principal enjeu de l’époque est appelé depuis lors « la controverse arienne ».
« Dans l’espoir d’assurer pour son trône le soutien d’un groupe croissant de chrétiens, il s’était montré considérablement favorable à leur égard, car il allait dans son intérêt de voir l’Église unie et vigoureuse. La controverse arienne menaçait son unité et sa force. Par conséquent, il entreprit de mettre fin à ce problème. On lui suggéra (peut-être l’évêque espagnol Ossius, qui avait une certaine influence devant les tribunaux) que si un synode était convoqué et représentait l’ensemble de l’Église, tant de l’est que de l’ouest, il serait peut-être possible de restaurer l’harmonie.
« Personnellement, Constantin ignorait tout de cette question en litige et ne s’en souciait guère, mais il avait hâte de mettre fin à cette controverse et le conseil d’Ossius lui sembla judicieux. » (Arthur Cushman McGiffert, A History of Christian Thought, [Une histoire de la pensée chrétienne] 1954, Vol. 1, p. 258)
Arius, prêtre d’Alexandrie, en Égypte, enseigna que le Christ avait dû avoir un commencement puisqu’Il était le Fils de Dieu, et qu’Il était donc une création divine particulière. De plus, si Jésus était le Fils, Son Père devait nécessairement être plus âgé.
Par contre, Athanase, diacre également d’Alexandrie, avait un point de vue diamétralement opposé à celui d’Arius : celui du trinitarianisme selon lequel le Père, le Fils et le Saint-Esprit forment une seule et même entité, tout en étant distincts.
La décision du concile de l’Église fut largement arbitraire. Karen Armstrong explique ceci dans son livre intitulé A History of God : « Lorsque les évêques se réunirent à Nicée, le 20 mai 325, pour résoudre la crise, quelques-uns seulement partageaient le point de vue d’Athanase au sujet du Christ, mais la plupart avaient adopté un point de vue se situant à mi-chemin entre celui d’Athanase et celui d’Arius. » (p. 110)
En sa qualité d’empereur, Constantin se trouvait dans une position inhabituelle : celle de trancher une question de doctrine ecclésiastique, même s’il n’était pas vraiment « chrétien ». (L’année suivante, il fit assassiner sa femme et son fils, comme il a déjà été mentionné.)
L’historien Henry Chadwick atteste ceci : « Tout comme son père, Constantin adorait le “Sol Invictus” [Le soleil invincible] » (The Early Church [L’Église primitive], 1993, p. 122). Quant à la conversion de l’empereur au christianisme, Chadwick avoue que « sa conversion ne devrait pas être interprétée comme une expérience spirituelle de grâce […] Ce fut une décision militaire, sa compréhension de la doctrine chrétienne n’ayant jamais été très bonne. » (p. 125)
Chadwick affirme que le baptême proprement dit de Constantin sur son lit de mort « ne laisse aucun doute quant à ses croyances chrétiennes », car il est courant que les chefs d’État remettent à plus tard leur décision de se faire baptiser pour éviter d’avoir à rendre des comptes pour des actes comme la torture et l’exécution de criminels. (p. 127) Or, cette justification ne prouve pas que la conversion de l’empereur ait été sincère.
Norbert Brox, professeur d’histoire de l’Église, confirme que Constantin n’a jamais été converti réellement au christianisme : « Constantin n’a vécu aucune conversion ; on n’observe aucun signe de changement de religion en lui et il n’a jamais dit s’être tourné vers un autre dieu. Au moment où il se tourna vers le christianisme, pour lui, c’était le Sol Invictus (le dieu-soleil victorieux). » (A Concise History of the Early Church, [Résumé de l’histoire de l’Église primitive]1996, p. 48)
En ce qui concerne le concile de Nicée, l’Encyclopaedia Britannica affirme que : « Constantin présida lui-même le concile, en anima activement les discussions et proposa personnellement […] la formule cruciale exprimant la relation du Christ à l’égard de Dieu dans le Credo édicté par le concile […] Intimidés par l’empereur, les évêques, à l’exception de deux d’entre eux, signèrent le Credo, bien que bon nombre d’entre eux le firent à l’encontre de leur intuition. » (Édition de 1971, Vol. 6, « Constantin », p. 386)
Avec l’approbation de l’empereur, le concile rejeta le point de vue minoritaire d’Arius et, n’ayant rien de bien défini pour le remplacer, il approuva celui d’Athanase — qui lui aussi, était minoritaire. L’Église se retrouva dans une position délicate, celle d’appuyer officiellement, dès lors, la décision prise à Nicée d’approuver une croyance adoptée par une minorité seulement des participants.
Les assises étaient désormais établies pour l’acceptation officielle de la Trinité — mais il fallut attendre plus de trois siècles après la mort et la résurrection de Jésus-Christ pour voir émerger cet enseignement non fondé sur la Bible !
Le concile de Nicée ne mit pas fin à la controverse. Karen Armstrong l’explique comme suit : « Athanase réussit à imposer sa théologie auprès des délégués […] sous l’étroite supervision de l’empereur […]
« L’approbation manifestée plut à Constantin, qui ne comprenait pas les questions théologiques, mais, en réalité, il n’y eut aucune unanimité lors du concile de Nicée. Après ce dernier, les évêques continuèrent d’enseigner ce qu’ils avaient enseigné jusque-là, et la crise arienne se prolongea pendant 60 ans. Arius et ses adeptes répliquèrent et réussirent à regagner les bonnes grâces de l’empereur. Athanase fut exilé au moins cinq fois. Il eut beaucoup de mal à imposer ses croyances. » (p. 110-111)
La discorde constante était parfois violente et sanglante. En ce qui concerne les conséquences du concile de Nicée, l’historien réputé Will Durant écrivit ceci : « Le nombre de chrétiens abattus par des chrétiens au cours de ces deux années (342-343) fut probablement supérieur au nombre total de chrétiens persécutés par des païens au cours de l’histoire de Rome. » (The Story of Civilization, Vol. 4 : The Age of Faith, 1950, p. 8) Fait atroce, alors qu’ils proclamaient être chrétiens, de nombreux croyants se sont querellés et entretués à cause de leurs opinions divergentes sur Dieu !
Concernant les décennies suivantes, le professeur Harold Brown, cité plus haut, écrivit ceci : « À mi-siècle, de 340 à 389, l’histoire de la doctrine ressemble davantage à l’histoire d’intrigues juridiques et ecclésiastiques et à des troubles sociaux […] Les doctrines centrales élaborées au cours de cette période semblent souvent avoir été acceptées à la suite d’une intrigue ou d’actes collectifs de violence populaire plutôt qu’à la suite du consentement de la chrétienté inspirée par le Saint-Esprit. » (p. 119)
Les désaccords portèrent vite sur un autre enjeu, celui de la nature du Saint-Esprit. À cet égard, la déclaration faite lors du concile de Nicée indiquait simplement ceci : « Nous croyons en l’Esprit-Saint. » Cela « semblait avoir été ajouté au Credo d’Athanase presque comme une réflexion après coup, selon Karen Armstrong. La confusion régnait concernant le Saint-Esprit. S’agissait-il simplement d’un synonyme de Dieu ou de quelque chose d’autre ? » (p. 115)
Le professeur Ryrie, également précité, écrivit ceci : « Au cours de la deuxième moitié du IVe siècle, trois théologiens de la province de Cappadoce, dans l’est de l’Asie mineure [la région centrale de la Turquie d’aujourd’hui] donnèrent une forme définitive à la doctrine de la Trinité. » (p. 65) Ils proposèrent un concept qui allait au-delà du point de vue d’Athanase — le fait que Dieu le Père, Jésus, le Fils, et le Saint-Esprit étaient égaux et qu’ils faisaient partie de la même entité, tout en étant distincts les uns des autres.
Ces hommes — Basile, évêque de Césarée, son frère Grégoire, évêque de Nysse, et Grégoire de Nazianze — avaient tous reçu « une formation en philosophie grecque » (Armstrong, p. 113), ce qui influençait indéniablement leurs croyances et leurs points de vue (voir « Influence de la philosophie grecque sur la doctrine de la Trinité », à la page 14).
Selon eux, comme l’explique Karen Armstrong, « la Trinité avait du sens uniquement comme expérience mystique ou spritituelle […] C’était non pas un concept logique ou intellectuel, mais bien un paradigme original qui défiait la raison. Grégoire de Nazianze l’exprima clairement lorsqu’il expliqua que la contemplation des Trois en Un provoquait une émotion profonde et envahissante qui ébranlait la pensée et la clarté intellectuelle.
« Dès que je m’imagine l’Unité, je suis illuminé par les Trois, et dès que je distingue les Trois, je suis transporté de nouveaux vers l’Unité. Lorsque je songe à l’un des Trois, je l’imagine comme un tout, et j’en ai les larmes aux yeux, et la plupart de mes pensées m’échappent. » (p. 117) Il n’est pas surprenant, comme le conclut Armstrong, que « pour de nombreux chrétiens occidentaux [...] la Trinité est simplement déconcertante. » (ibid.)
En 381, 44 ans après la mort de Constantin, l’empereur Théodose le Grand convoqua le concile de Constantinople (Istanbul dans la Turquie d’aujourd’hui) pour régler ces différends. Grégoire de Nazianze, récemment nommé archevêque de Constantinople, présida le concile et exhorta les participants à adopter son point de vue sur le Saint-Esprit.
Selon l’historien Charles Freeman, « on ignore presque tout des débats théologiques du concile de 381, mais on sait toutefois que Grégoire espérait voir accepter, dans une certaine mesure, sa croyance selon laquelle l’Esprit était consubstantiel avec le Père [ce qui signifie que les personnes sont le même être, car, dans ce contexte, la substance dénote la qualité individuelle].
« Qu’il ait mal traité cette affaire ou simplement parce qu’il n’existait aucune chance de parvenir à un consensus, les “Macédoniens”, qui étaient des évêques qui refusaient d’accepter la pleine divinité du Saint-Esprit, quittèrent le concile […] Comme à son habitude, Grégoire reprocha aux évêques de préférer obtenir une majorité des voix au lieu d’accepter d’emblée “la Parole divine” de la Trinité en vertu de son autorité. » (A.D. 381: Heretics, Pagans and the Dawn of the Monotheistic State, [Les Hérétiques, les païens, et l’aube de l’État Monothéiste] 2008, p. 96)
Grégoire tomba vite malade et dut se retirer du concile. Qui allait désormais présider le concile ? « Un dénommé Nectaire, sénateur municipal âgé qui avait été un préfet populaire de la ville en raison de sa commandite des jeux, mais qui n’était pas encore un chrétien baptisé, fut sélectionné […] Nectaire semblait n’avoir aucune notion de théologie, et il dut y être initié avant d’être baptisé et consacré évêque. » (Freeman, p. 97-98)
Étrangement, un homme qui, jusque-là, n’était pas chrétien fut nommé pour présider le concile d’une Église importante et pour déterminer ce que celle-ci allait enseigner concernant la nature de Dieu !
L’enseignement des trois théologiens de Cappadoce « permit au concile de Constantinople (381) d’affirmer la divinité du Saint-Esprit, qui, jusque-là, n’avait jamais été clairement énoncée, pas même dans les Saintes Écritures. » (The HarperCollins Encyclopedia of Catholicism, « God », p. 568)
Le concile adopta un Credo qui se traduit en partie comme suit, en français : « Je crois en Dieu, le Père Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible. Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles […] Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du Père et du Fils. Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ; il a parlé par les prophètes […] » Le Credo affirmait aussi la croyance en « une Église qui est une, sainte, catholique [ce qui signifie dans ce contexte, universelle, entière ou complète] et apostolique […] »
Grâce à cette déclaration de l’an 381, qui allait devenir officiellement le Credo de Nicée-Constantinople, la Trinité, comme elle est généralement comprise aujourd’hui, devint la croyance et l’enseignement officiels concernant la nature de Dieu.
Le professeur de théologie Richard Hanson observe que la décision du concile « a eu pour effet de réduire à une seule les multiples significations du mot “Dieu” », de telle façon que « lorsque l’homme occidental moderne dit “Dieu”, il veut dire le seul et unique Dieu [trinitaire], et rien d’autre. » (Studies in Christian Antiquity, 1985, p. 243-244).
Tout comme Constantin près de 60 ans auparavant, l’empereur Théodose — qui lui-même avait été baptisé une année à peine avant de convoquer le concile — joua donc un rôle déterminant dans l’établissement d’une doctrine importante de l’Église. Comme le faisait remarquer l’historien Charles Freeman, « il importe de se rappeler que Théodose ne possédait aucune connaissance théologique et qu’il établit comme dogme de foi une formule soulevant des problèmes d’ordre philosophique insolubles dont il n’était pas conscient. En effet, les lois de l’empereur avaient mis fin au débat avant que celui-ci ait pu être résolu. » (p. 103)
Une décision ayant été prise, Théodose n’allait tolérer aucun point de vue divergent. Il publia son propre décret : « Nous ordonnons que toutes les Églises soient confiées aux évêques qui professent le Père, le Fils et le Saint-Esprit d’une seule majesté, d’une même gloire, d’une seule splendeur, qui n’établissent aucune distinction par une séparation sacrilège, mais (qui affirment) l’ordre de la Trinité en reconnaissant ses Personnes et en unifiant la famille divine. » (cité par Richard Rubenstein, When Jesus Became God [Quand Jésus devînt Dieu], 1999, p. 223)
Un autre décret de Théodose alla même jusqu’à exiger l’adhésion à ce nouvel enseignement. « Croyons en la seule divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, d’égale majesté, et en une sainte Trinité. Nous autorisons ceux qui mettent cette loi en application à s’approprier le titre de chrétiens catholiques ; pour ce qui est des autres, comme nous les considérons comme des fous sans sagesse, nous décrétons qu’ils doivent porter le nom honteux d’hérétiques, et ne devront pas présumer donner à leurs conventicules [assemblées] le nom d’Églises.
« Ils endureront d’abord le châtiment de la condamnation divine, et, ensuite, celui que nous déciderons de leur infliger, en vertu de notre autorité, conformément à la volonté du Ciel. » (reproduit dans Documents of the Christian Church [Les documents de l’Église Chrétienne], Henry Bettenson, éditeur, 1967, p. 22)
Nous constatons donc qu’un enseignement que ni Jésus ni Ses apôtres n’ont jamais prodigué et que les autres auteurs de la Bible méconnaissent, fut intégré et que la véritable révélation biblique concernant le Père, le Fils et le Saint-Esprit fut exclue. Tous ceux qui étaient en désaccord étaient considérés comme des hérétiques et traités en conséquence, conformément aux décrets de l’empereur et des autorités ecclésiastiques.
C’est cette suite d’événements inhabituelle qui a poussé les professeurs de théologie Anthony et Richard Hanson à résumer cette histoire dans leur livre intitulé Reasonable Belief: A Survey of the Christian Faith [Une croyance raisonnable : Un survol de la foi chrétienne] en faisant remarquer que l’adoption de la doctrine de la Trinité découla d’« un processus d’exploration théologique qui dura pendant au moins trois cents ans […] Ce fut en réalité un processus d’essais et d’erreurs (presque aléatoire), au cours duquel les erreurs étaient loin d’être réservées aux non-orthodoxes […] Il serait insensé de présenter la doctrine de la Sainte Trinité comme ayant été fabriquée de toute autre façon. » (1980, p. 172)
Puis, ils conclurent ceci : « Ce fut un processus long et confus, au cours duquel différentes écoles de pensée de l’Église déchiffrèrent d’elles-mêmes la réponse à la question suivante : “Dans quelle mesure Jésus-Christ est-Il divin ?”, pour ensuite essayer d’imposer cette réponse les unes aux autres. Si jamais il y eut une controverse résolue par essais et erreurs, ce fut celle-ci. » (p. 175)
L’ecclésiastique anglican et conférencier de l’Université Oxford K.E. Kirk traite d’une manière révélatrice de l’adoption de la doctrine de la Trinité : « La légitimation théologique et philosophique de la divinité du Saint-Esprit commença au IVe siècle ; c’est pourquoi nous nous tournons spontanément vers les auteurs de cette période pour découvrir les fondements de leur croyance. À notre grande surprise, nous sommes dans l’obligation d’admettre qu’ils n’ont aucun point d’appui …
« Cette incapacité de la théologie chrétienne […] de fournir une justification logique du point cardinal de sa doctrine trinitaire revêt une importance extrême. Avant même de nous pencher sur la question de la légitimation de cette doctrine par expérience, nous sommes contraints de nous demander si la théologie ou la philosophie n’a jamais justifié sa croyance en la Trinité. » (The Evolution of the Doctrine of the Trinity [L’évolution de la doctrine de la Trinité], publié dans Essays on the Trinity and the Incarnation [Essais sur la Trinité et l’incarnation], A.E.J. Rawlinson, auteur, 1928, p. 221-222)
Voici, en bref, la remarquable histoire de l’origine de la doctrine de la Trinité — et de la façon dont ceux qui refusèrent de l’accepter finirent par être qualifiés d’hérétiques ou de non-croyants.
Mais devrions-nous vraiment baser notre opinion de Dieu sur une doctrine qui ne figure pas dans la Bible, qui n’a été rendue officielle que trois siècles après la mort de Jésus-Christ et des apôtres, qui a fait l’objet d’une grande controverse pendant plusieurs décennies (sans compter les siècles qui suivirent sa légitimation), qui fut imposée par des conciles religieux présidés par des novices ou des non-croyants et qui fut « établie par essais et erreurs ? »
Bien sûr que non. Nous devrions plutôt examiner la Parole de Dieu, au lieu des concepts humains, pour découvrir comment notre Créateur Se révèle !