Ainsi, cette « Parole », — ou le Logos en grec — fut incarnée en la personne de Jésus-Christ. Et Celui-ci porte toujours le nom de « Parole de Dieu » (Apocalypse 19:13).
Que pouvons-nous en conclure ? Dieu créa l’Univers par l’entremise de cette Parole préexistante qui devint le Christ. La Parole était avec Dieu tout en étant Elle-même Dieu. Bon nombre de gens se servent de cette réalité pour avancer un argument trinitaire, en affirmant que deux personnes divines sont supposément un seul et même être ici. Mais est-ce la bonne interprétation ?
Remarquez que dans le texte original en grec, il est écrit que la Parole était avec « le Dieu » et la Parole était Elle-même « Dieu » (sans l’article « le » cette fois-ci). La Parole n’était pas le Dieu — car ils n’étaient pas la même entité. Mais elle était quand même Dieu.
Nous devrions interpréter le mot « Dieu » ici comme étant un type d’être — le type divin, saint et éternel — ainsi que le nom de ce type d’être. Selon l’apôtre Paul, toute la famille divine porte le nom du Père, notamment le Christ et les autres êtres qui seront ajoutés à cette famille plus tard (Éphésiens 3:14-15).
Ainsi, au commencement était la Parole (le Christ), et la Parole était avec Dieu (le Père) et la Parole portait aussi le nom de Dieu ! Bien entendu, la Parole ne serait pas nommée Dieu si Elle ne ressemblait pas au Père. Autrement dit, Dieu est Celui qu’Il était ainsi que ce qu’Il était (et continue d’être).
Nous sommes donc en présence de deux Êtres divins — et non d’un seul être composé de trois personnes, comme l’enseigne la doctrine de la Trinité. Mais alors, pourquoi l’Être divin qui devint le Christ fut-il appelé « la Parole » ? Qu’est-ce que cela signifie, au juste ?
Parmi les nombreuses références de l’Ancien Testament aux anges de Dieu, il y en a quelques-unes (Genèse 6:10-13 ; Genèse 22:11-12 ; Exode 3:2-6 ; Juges 13:3-22) dans lesquelles l’Un d’eux appelé « l’ange de l’Éternel » est également identifié comme étant « l’Éternel ». Mais comment un ange de Dieu peut-Il être Dieu Lui-même ? Il s’agit évidemment du même personnage appelé « l’ange qui est devant sa face » dans Ésaïe 63:9, ainsi que l’« Ange » que Dieu envoya aux Israélites pour les conduire à travers le désert vers la Terre promise (Exode 14:19 ; Exode 23:20).
Ici, le mot « Ange » peut porter à confusion, car on l’emploie habituellement pour désigner les êtres spirituels inférieurs à Dieu. Cependant, le mot hébreu de l’Ancien Testament malak, qui est traduit par « ange », signifie simplement messager, tout comme son équivalent grec angelos du Nouveau Testament (duquel le mot ange est dérivé).
En hébreu et en grec, ces mots peuvent signifier un messager tant humain que spirituel. Il faut examiner le contexte pour en déterminer la véritable signification. Dans ce cas-ci, nous avons le Messager de Dieu qui est également Dieu. Il est clair qu’il n’existe qu’une seule entité qui puisse correspondre à cette description, tout comme la Parole de Dieu qui est également Dieu.
Considérez une prophétie de l’Ancien Testament mentionnée dans le Nouveau Testament pour désigner Jean-Baptiste et Jésus-Christ. Dieu dit : « Voici, j’enverrai mon message [malak, dans ce cas-ci Jean-Baptiste] ; Il préparera le chemin devant moi. Et soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez ; Et le messager [malak] de l’alliance [c’est-à-dire Jésus-Christ, Médiateur de la Nouvelle Alliance] que vous désirez, voici, il vient. » (Malachie 3:1 ; à comparer avec Matthieu 11:9-11 ; Marc 1:1-2 ; Hébreux 12:24).
Dans ce cas-ci, le « Seigneur », c’est Dieu, car Il entrera dans « son temple ». Or, Il est aussi un Messager — un malak, terme traduit ailleurs par ange. Jésus est donc le Seigneur Dieu, mais Il est aussi le Messager de Dieu le Père. Et le rôle du Christ en tant que Messager influe énormément sur Sa distinction en tant que Parole de Dieu.
En tant que Messager de Dieu, Jésus prit la parole au nom de Dieu le Père, lorsqu’Il vécut sur Terre en chair et en os. Il le fit lors de la création de l’Univers. La déclaration de Jean 1:3, selon laquelle Dieu créa l’Univers entier par l’intermédiaire de la Parole qui devint le Christ est également proclamée ailleurs dans les Saintes Écritures (voir Éphésiens 3:9 ; Colossiens 1:16-17).
Cela correspond parfaitement bien à d’autres passages bibliques antérieurs, dont le suivant : « Les cieux ont été faits par la parole de l’Éternel […] Car il dit, et la chose arrive ; Il ordonne, et elle existe. » (Psaumes 33:6 ; Psaumes 33:9). Qui fut Celui qui prit la parole ? À en juger par ces références, il est très clair que Dieu le Père réalisa la création par l’entremise de la Parole qui devint Jésus.
Jésus-Christ fut Celui qui, par sa parole, créa l’Univers — mais uniquement à la demande du Père. Jésus l’expliqua dans Jean 8:28;: « […] je ne fais rien de moi-même, mais que je parle selon ce que le Père m’a enseigné. » Et dans Jean 12:49-50;: « Car je n’ai point parlé de moi-même ; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce que je dois dire et annoncer […] C’est pourquoi les choses que je dis, je les dis comme le Père me les a dites. »
Jésus est le Porte-parole du Père, ce rôle étant associé au nom Logos par certains. Cela est tout à fait légitime, mais cette question exige une explication, car le mot logos désigne les paroles prononcées plutôt que celui qui les prononce.
Que signifie le terme grec logos en réalité ? Le Enhanced Strong's Lexicon (1992) offre les définitions suivantes, parmi tant d’autres : « Un mot, prononcé par une personne vivante […] ce qu’une personne dit […] un discours continu […] une doctrine ou un enseignement […] la raison, la faculté mentale qu’est la pensée ».
La HCSB Study Bible fait remarquer ceci : « Tout comme le verbe lego [parler], qui s’y apparente, le nom logos désigne le plus souvent une communication orale ou écrite. Dans certains contextes, il signifie un énoncé ou un rapport. » (2010, p. 1801, « Logos » ; accent mis sur certains passages dans l’original.)
Certains usages de ce mot par les Juifs du premier siècle peuvent se rapprocher de cet usage dans Jean 1, mais la question continue de se poser. Comment pouvons-nous comprendre que le Christ était ce qui a été prononcé, soit le sens littéral de Logos, alors que nous savons que c’est Lui qui prit la parole au nom de Dieu ?
En guise de réponse, demandons-nous ceci : Devrait-on interpréter tous les autres titres du Christ de cette façon ? Qu’en est-il de « l’alpha et [de] l’oméga » dans Apocalypse 1:8 ? Le Christ est-Il vraiment deux lettres de l’alphabet grec ? Que penser de l’« Agneau de Dieu » dans Jean 1:36 ? Le Christ est-Il vraiment un agneau ? Il devrait être facile de constater que les titres bibliques ont souvent un sens figuré.
Songez un bref instant au fait que les figures de style doivent malgré tout suivre une certaine logique : À votre avis, qu’est-ce que cela signifierait si vous appeliez quelqu’un votre « Parole » ? Cela signifierait sans doute quelque chose de semblable à ce que Paul voulut dire en écrivant à l’Église de Corinthe : « C’est vous qui êtes notre lettre, écrite dans nos cœurs, connue et lue de tous les hommes. » (2 Corinthiens 3:2)
Les membres de l’Église de Corinthe n’étaient pas littéralement une épître ou une lettre manuscrite. Paul utilisait une figure de style. Lorsqu’on écrit une lettre, on communique sa pensée à d’autres. Ce que Paul voulait dire, c’est que les Corinthiens représentaient ses points de vue. Par leur conduite et leurs paroles, ils exprimaient tout ce qu’il leur avait enseigné et ce qu’il représentait. N’est-ce pas ce que cela signifierait si vous appeliez quelqu’un d’autre votre « Parole » ?
Le dictionnaire Biblique New Unger's jette davantage de lumière sur cette question en faisant remarquer que « les mots véhiculent la pensée et l’intention de l’esprit de l’auteur à d’autres. En la Personne de la Parole incarnée, Dieu S’est révélé entièrement à l’humanité. Aucune connaissance humaine à l’égard de Dieu n’est cachée par un dieu incarné. En tant que Parole de Dieu, le Christ constitue la révélation divine ultime et complète. » (1988, p. 780, « Logos »)
Examinons encore le rôle du Christ en tant que Messager de Dieu. Le Christ était la représentation exacte de Dieu. Il vivait tout ce que le Père avait ordonné et transmettait les pensées de Son Père aux êtres humains. Il prenait la parole au nom de Son père, en tant que Porte-parole de Dieu. Mais le message que le Christ envoyait était plus qu’un message verbal. En effet, Sa vie entière livrait un message.
Ainsi, Jésus Lui-même est à la fois Messager et Message. Son mode de vie nous enseigna à vivre. Le fait qu’Il ait humblement accepté d’être incarné et de donner Sa vie en dit long sur l’insondable amour de Dieu. Jésus-Christ est la Parole de Dieu. Tout ce qu’Il a dit, tout ce qu’Il a fait, tout ce qu’Il a enduré représente la Parole de Dieu pour nous.